Sciences et technologies

La paragravitopulsion

Il s’agit de la technique la plus simple à mettre en œuvre afin d’autoriser le flottement aérien du corps solide auquel elle s’applique. Découverte très tôt dans l’histoire de l’humanité, son invention s’est en premier lieu appliquée aux transports terrestres et maritimes, palliant ainsi aux problèmes que rencontraient d’autres méthodes plus ancestrales. La roue, notamment, bien que plus simple à élaborer et très pratique pour évoluer sur des surfaces planes, voit son intérêt fort réduit dans des situations de pente ou lorsque les forces de frottement qui s’y appliquent s’avèrent trop contraignantes (dans le cas d’une terre boueuse, par exemple), problèmes se voyant d’office résolus grâce à la mise en place de la paragravitopulsion.

Il est difficile de connaître avec précision l’origine des premiers paragravitopulseurs : on retrouve des traces de tels instruments dans la plupart des secteurs de l’Arbre de Vie de l’Ultimonde, à l’exception notoire des Branches de Kaï et de Rêm. Certes, de tels vestiges archéologiques datant de l’ère tribale, ont été retrouvés sur la plupart des planètes de la Branche de Po, mais rien ne permet de prouver que ce secteur constitue précisément le point de départ de la technique en question. Des glyphes datant de l’ère archaïque et semblant représenter des véhicules flottants ont notamment été identifiés par des chercheurs sur plusieurs mondes du Rameau d’Ozem, aujourd’hui considéré comme le berceau des premières civilisations humaines. Toutefois, c’est bien sur la planète Lampa du Rameau de Tivaleïx-Po qu’a pu être découvert le plus vieux dispositif de paragravitopulsion connu à ce jour, conservé dans une coulée de lave séchée, et daté à plus de quinze millénaires-standard.

Quoi qu’il en soit, l’évolution que la paragravitopulsion a connue postérieurement à son apparition et son expansion géographique au sein de l’Ultimonde, le plus souvent transmise aux peuples autochtones par l’intermédiaire de leurs divinités planétaires, est plus simple à déterminer par les chercheurs. En effet, au cours de l’ère tribale, il arrive fréquemment que les vaissépulcres transportant vers les cieux l’âme de certaines personnalités importantes soient équipés de paragravitopulseurs, permettant une étude relativement aisée des transformations et de l’amélioration progressive de cette technique au sein des diverses sociétés ultimondiennes au gré des âges.

Les tout premiers mécanismes de paragravitopulsion seraient apparus sur Koro bien avant l’âge luminique, comme semble en témoigner l’étude d’Ylanë Maÿvis intitulée Le sang du nilab, où ces technologies semblent parfaitement maîtrisées par les peuples nilago et pitaka en Oropash, alors que l’utilisation du luminon se présente comme une modernité. Mais si les huttes flottantes des Nilagos, notamment, dont les paragravitopulseurs permettent la migration saisonnière de leurs villages, offrent un certain regard sur l’usage culturel du mécanisme en question, ce sont d’autres tribus qui témoignent de son plus haut aboutissement sur le monde de Koro. Pour ne prendre qu’un exemple, très tôt dans l’histoire koroïenne, les Quifêkhs sont parvenus à un tel perfectionnement technique de la paragravitopulsion qu’ils parvinrent à faire flotter dans les cieux des villes entières, s’éloignant ainsi de la misère séculière tout en dominant les peuples de la région d’Aru, comme on l’observe notamment dans la courte restitution histoirique Le bâton de kirtz.

Terminons en rappelant que la maîtrise de la paragravitopulsion représente une immense révolution pour la plupart des peuples ultimondiens, et qu’elle a grandement contribué au développement des peuples et des civilisations en leur permettant, sans le moindre coût énergétique (outre ceux induits par la construction des instruments puis par le déplacement horizontal des objets paragravitopulsés), de s’affranchir de la pesanteur qui les maintenait au sol et d’orienter progressivement leur marche vers les cieux qui devaient appeler leurs futurs déplacements. C’est aujourd’hui encore le moyen le plus efficace pour toutes les formes de transport intraplanétaires de courte distance, et il est à déplorer qu’une pareille technique, pourtant si efficace et si simple à élaborer, n’ait jamais été mise au point sur Titaxaïa.